endurci, ie

• 1Rendu dur. La terre endurcie par le froid.
• 2 Fig. Qui a pris une dureté morale. Mais pour ces francs pécheurs, pécheurs endurcis, pécheurs sans mélange, pleins et achevés. [Pascal, Les provinciales] Elle [la messe] leur profite comme la prière, laquelle on ne ferait pas pour les pécheurs les plus endurcis, si on ne croyait.... [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] J'irais, par ma constance aux affronts endurci, Me mettre au rang des saints qu'a célébrés Bussi. [Boileau, Satires] Pour ce peuple endurci que rien ne peut gagner. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Un tyran dans le crime endurci dès l'enfance. [Racine, Britannicus] Il eût donc mieux valu demeurer endurci dans mon habitude. [Massillon, Car. Inconst.]

  Substantivement. Celui qui a perdu tout sentiment de piété. Vous ne pouvez réussir comme tant d'impies et d'endurcis à étouffer cette vérité intérieure. [Massillon, Car. Évid. de la loi.]

  Il se dit, dans le même sens, des sentiments, du coeur, etc. Un courroux implacable, un orgueil endurci. [Corneille, Sertorius] Contre tous ses attraits ma raison endurcie. [Corneille, Tite et Bérénice] Et vos coeurs endurcis sont pour jamais paisibles. [Quinault, Pers. II, 5] Crois que dans son dépit mon coeur est endurci. [Racine, Andromaque] Quel courage endurci Soutiendrait les assauts qu'on lui prépare ici ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Quelle haine endurcie Pourrait en vous voyant n'être pas adoucie ? [Racine, Phèdre] Votre jeune Apollon, qui n'a point réussi, Dans la satire encor ne peut être endurci. [Gilbert, Mon apologie] Le coeur endurci par les cicatrices mêmes des coups qu'on lui a portés. [Buffon, Nature des anim.]

• 3Rendu ferme, résistant par l'exercice, le travail. Il paraît endurci au travail. [Fénelon, Télémaque] Mes mains endurcies au travail me donnent facilement la nourriture qui m'est nécessaire. [Fénelon, ib. XI] Tous ont armé leurs bras endurcis aux travaux. [Delille, Énéide]